Pêche au leurre vs pêche au mort manié, et si tout était question de marketing ?
Publié le le Mai 6, 2015 dans Montage et techniques, Pêche | 10 commentairesQu’est ce qu’un leurre parfait pour la pêche ? Telle est la question qui a suscité cet article.
La pêche au mort manié souffre de son image vieillotte synonyme des pêcheurs jugés un peu trop facilement comme « viandards ». Ce débat qui m’agace toujours autant et qui fait couler beaucoup d’encre entre « nouveaux pêcheurs pratiquants du no-kill » et « anciens pêcheurs old school » jugés souvent comme de lâches viandards méchants à partir du moment ou ils gardent leurs prises pour le repas du dimanche midi et qu’ils pêchent avec des techniques et du matériel dépassé.
Et si nous avions été « manipulé » depuis des années par les magazines et le marketing des marques ? La soif de la croissance économique n’aurait-elle pas dictée nos nouveaux besoins en matière de pêche ?
Et si nous nous mettions un peu plus à l’écoute des anciens avant de les voir disparaître ? Et si nous adoptions une pêche plus simple, raisonnée en tout point que ce soit en terme de prélèvement mais aussi et surtout en terme de « consommation » de matériel comme je le prône souvent sur Pêche et Sac à dos ? L’un de va pas sans l’autre.
Je ne vais sûrement pas me faire des amis en soulevant ces quelques questions car même dans mon entourage de pêcheurs, je ne fais pas toujours l’unanimité.
Tempi, j’aurai le sentiment d’avoir accompli ma part en communiquant ainsi au plus grand nombre. Je ne prêche pas la “bonne parole” mais souhaite simplement donner mon avis sur les débats que l’on trouve souvent sur la toile.
Certains utilisent leur blog pour promouvoir le no-kill à 100%, pour ma part je suis plutôt partisan de promouvoir le partage et l’échange quelque soit la génération et le mode de pêche.
Je trouve qu’on « divise » trop dans la pêche (encore plus que dans la société) alors que c’est un loisir qui réuni les même passionnés. Voilà mon avis sur ces débats.
Certains sont blessés quand une truite est gardée ou mal piquée, moi je le suis quand les uns s’acharnent sur ces autres. C’est que de la pêche merde !!
Cela vous paraitra peut être démago alors pour illustrer mes idées de façon plus fun, j’aimerai comparer deux techniques de pêche qui caractérisent bien les différentes générations.
La pêche au mort manié d’un côté que ce soit la truite au vairon manié (pêche à la godille, au vairon casqué, etc…) que le brochet au mort manié (pêche à la monture Drachkovitch par exemple). De l’autre, la pêche au leurre artificiel que ce soit au poisson nageur (pêche au rapala) ou à la matière souple.
1.La couleur, la vie, l’animation.
D’après-vous qui de mieux que votre mort manié peut imiter un poisson malade ? Vous l’aurez compris, quand les marques de leurre cherchent à perfectionner leurs teintes pour être plus réalistes, le poisson mort lui, ne se préoccupe pas de cela puisqu’il est parfait.
La seule condition est de garder ses vifs en vie au bord de l’eau et de les tuer à la dernière minute, juste avant de les utiliser. Dans le cas contraire, ils perdent leur couleurs vives, ternissent et à la longue, commencent à se détériorer.
Il est tout de même possible de congeler vos vifs et/ou d’acheter des vairons en conserve par exemple pour vous dépanner.
Pour la congélation, je vous conseille dans la mesure du possible, de faire vos montages et de les préparer prêt à pêcher avant de les congeler. Il sera ainsi beaucoup plus facile de les utiliser au bord de l’eau.
Concernant la vie et l’animation, tout dépend de votre choix. Vous pouvez adopter une nage planante entrecoupée de grandes tirées pour faire décoller le vif du fond. Vous pouvez dandiner à la verticale. Vous pouvez également ramener votre vairon de façon linéaire, canne haute et bannière tendue. Idem pour les plus gros vifs en étang par exemple.
Je pêche la truite ainsi avec des godilles en lançant 3/4 amont et en mettant quelque coups de scions sans mouliner. Je ramène mon vairon casqué uniquement quand il est en aval et qu’il a terminé son “arc de cercle” dans la rivière.
La touche a lieux en général en fin de dérive aval car la truite suit le vairon jusqu’à son changement de direction.
Lorsque le vairon remonte la bordure face au courant, c’est son casque en plastique qui le fait nager tout seul, tel une bavette sur un leurre dure.
Pour ce qui est de la pêche du carnassier au mort manié, l‘animation se fait plus saccadée. Je pense que le petit espace entre la chevrotine de la monture et le gardon (vif) apporte beaucoup d’attrait à cette technique. La saccade déclenche l’attaque. La monture Drachkovitch ne rigidifie pas le poisson utilisé et apporte ainsi toute la valeur à la pêche du brochet au mort manié (voir la monture en vidéo ci dessous).
C’est cette limite que je constate dans la pêche au leurre souple avec les têtes plombées classiques car la hampe de l’hameçon raidi une bonne partie du leurre et le plombage fixe en tête rebute parfois les carnassier lorsqu’on dandine trop.
A l’inverse, si vos têtes plombées sont trop légères et donc courtes pour laisser vivre le plastique de votre leurre, vous risquez de louper du poisson. Je l’ai surtout constaté en pêchant la truite qui engame par l’arrière et donc beaucoup moins facilement que le brochet, le sandre ou la perche.
2. Le prix, c’est là ou ça fait mal…
Voici la principale raison qui justifie cet article et qui est sûrement à l’origine de l’évolution des techniques de pêche.
En effet, quand je dépensais une dizaine d’euros seulement par saison pour m’acheter un ou deux paquets de triples et quelques godilles en plomb, aujourd’hui 10€, c’est tout juste le prix d’un seul leurre !!
Les marques l’ont bien compris, il suffit pour cela d’observer dans un magasin de pêche pour comprendre où celles ci investissent le plus : 30cm du rayon pour les montures à mort manié contre des mètres et des mètres pour les leurres et autres accessoires annexes.
En effet la dépense n’est pas du tout la même suivant que l’on pêche au mort manié ou au leurre.
Concernant l’achat des vifs si vous ne pouvez les pêcher, il faut compter dans le commerce entre 0,25cts et 0,40cts pour les vairons en moyenne et entre 0,35cts et 0,55 cts pour les gardons ou carassins.
Conseil : Pour ma part je vous conseille de les acheter pour le premier mois après l’ouverture de la truite puis de les pêcher ensuite à la ligne dans votre rivière ou votre étang, idem pour le carnassier.
Il est facile de pêcher une centaine de vairons en 1h ou 2 si vous pêchez léger.
Quand j’étais gamin, je mettais de l’amorce dans une cage feeder ressort que j’accrochais au bout d’un fil en bordure de rivière. Tout les vairons se réunissaient autour et je n’avais plus qu’à les pêcher à l’aide d’une petite ligne la plus légère possible (hameçon en h24).
Concernant l’achat de nos leurres. Il faut conter une dizaine de leurre dures à 7€ par saison en moyenne (les plus gros consommateurs rigoleront tant ce nombre doit leur paraître ridicule) et une bonne vingtaine de leurres souples avec tête plombée et hameçons.
Heureusement la pêche au leurre souple est tout de même 2,5 fois moins chère que la pêche au poisson nageur.
Cela nous amène à une dépense de 100€ pour nos leurres par saison de pêche.
Suite à ces quelques calculs simples, on peut donc dire que le pêcheur au leurre dépense 10 fois plus que le pêcheur au mort manié n’est-ce pas ?
Mais est-ce qu’il prendra 10 fois plus de poisson qu’en pêchant au mort manié ? Non j’en suis sure et bien au contraire parfois.
Les pêcheurs réguliers (honnêtes et objectifs) avoueront les quelques tôles qu’ils ont déjà pris face à un pêcheur « à la viande » ou le capot qu’ils ont sauvé grâce à une monture Drako 😉
Alors même si certains vont critiquer mes calculs car ils ne s’appuient pas sur des données de l’INSEE, je ne pense pas pour autant me tromper de beaucoup en disant que la pêche au leurre coute en moyenne 10 fois plus cher que la pêche au mort manié.
Allez je vous la refais, la pêche au leurre coute 10 fois plus cher que le mort manié !!
Vous trouvez ça rationnel vous de dépenser 10 fois plus dans une méthode qui apporte globalement le même résultat ?
3. L’attractant naturel
La texture des leurres souples ne cesse d’être perfectionnée pour se rapprocher d’une vraie proie.
Quand la matière plastique de base ne suffit pas, on propose aux pêcheurs des attractants et autres additifs à pulvériser sur le leurre pour le rendre plus « attractif ».
Le but est également que le leurre souple ne soit pas recraché par le carnassier ou la truite qui s’en empare, chose qui arrive fréquemment lorsqu’on pêche des poissons éduqués avec des leurres artificiels.
Concernant la viande fraiche (comprenez le mort manié), l’attractant est naturel et permet souvent de faire la différence. Pas d’hésitation pour le prédateur comme on peut le constater parfois sur un leurre. La truite ou le brochet se jettent plus facilement sur un vrai poisson qui frétille devant leur nez.
Sur ce point encore, le leurre naturel l’emporte sur l’artificiel.
4. La praticité,… si vous êtes pressés.
Voici selon moi le principal avantage de la pêche au leurre par rapport au mort manié. Elle s’inscrit dans l’air du temps ou les gens sont toujours plus pressés, nous n’avons plus le temps d’aller pêcher nos vifs, encore moins de les garder dans un bac au fond du jardin. J’en suis bien conscient.
Il vous reste la possibilité de les acheter en boutique s’il en existe encore une prêt de chez vous.
Moi qui aime partir spontanément à la pêche avec mon petit sac à dos ou laisser le matos trainer dans la voiture, la pêche au leurre est tout de même plus pratique je dois l’admettre. Parfois, c’est à la sortie du travail qu’on a les plus belles surprises comme en témoigne cette vidéo.
Mais est-ce le cas de tous le monde ? Ou plutôt, est-ce le cas tout le temps ? Essayez de prendre 3 ou 4 poissons morts maniés avec vous la prochanie fois que vous avez la journée devant vous.
Aussi, comme l’a souligné un ami que j’ai interrogé avant d’écrire cet article, un leurre peut être lancé beaucoup plus loin qu’un poisson mort et surtout, beaucoup plus de fois sans s’abîmer.
Il est important de le préciser. Ainsi, vous pouvez prospecter plus de postes en pêchant au leurre artificiel.
L’idéal est donc de pratiquer toutes ces techniques et d’essayer à tours de rôle sans pour autant vous encombrer avec trop de matériel. Juste un peu d’ouverture d’esprit, rien de plus !
J’ai trouvé pour vous une vidéo comparative qui illustre bien cet article. Ce pêcheur pratique toutes les techniques y compris la pêche à la ferraille (celle des anciens que les “leurristes puristes” n’aiment pas). Il pêche léger, sans prise de tête et il fait du poisson le monsieur !! Peut être plus que nous en une saison 😉 Et bien-sur, …. je vous laisse découvrir la technique qu’il trouve la plus productive…
CONCLUSION :
Je suis pêcheur au leurre adepte des techniques simples et pas chères, c’est pour cette raison que je pêche de plus en plus au leurre souple qui est selon moi un bon compromis simplicité-prix tout en faisant du poisson.
En pêchant à la matière souple, je minimise ainsi ma dépense en leurre. Cependant, j’ai pêché la truite pendant plus de dix ans au vairon et ça cartonnait je vous assure.
Un ami qui pêche tout les jours en semaine me l’a encore dit récemment sans que je lui parle de cet article : “tu sais, je fait des centaines de poissons chaque saison au leurre mais le vairon reste le top pour faire les plus grosses truites”.
Il m’a d’ailleurs vu tester dimanche, le leurre souple en drop-shot sous les souches et ne connaissait pas cette pratique. Il m’a fait la remarque spontanément (l’instinct du pêcheur) : il faut que j’essaie en accrochant un vairon ça doit être un carnage.
Donc, si vous avez du temps, essayez le mort manié et insistez !! C’est une belle pêche qui ne vous coutera pas grand chose. Je vais tenter de m’y remettre cette année au moins sur quelques sorties.
Au lieux de les critiquer, essayez d’écouter les anciens, ils ont beaucoup plus à vous apprendre que les magazines, les forums et les blogs (y compris le miens) même s’ils gardent leurs prises.
Essayez si vous voulez de les convaincre de pratiquer le no-kill pour préserver les espèces. Expliquez et essayez de convaincre que rendre la liberté à sa prise vous procure autant de bonheur que d’avoir le poisson dans l’assiette.
Quoi qu’il en soit n’oubliez pas qu’on partage tous les mêmes passions quelque soit la génération 😉
Je n’ai jamais pêché au mort manié. Mais je dois avouer que je suis entièrement convaincu que ceux qui mordent le plus aux leurres sont les pêcheurs. Et les marques l’ont compris. Même la pêche aux leurres souples est touchée par ce phénomène, quand on voit des marques qui proposent un sachet de 6 leurres souples à 16€…
Finalement même pour la truite, une bonne vieille cuillère tournante marche et marchera toujours, et je préfère pêcher avec ça qu’avec des poissons nageurs à 15€ que j’aurai peur de laisser dans les arbres!
D’accord a 100% avec toi je me retrouve dans tous cette article bravo continue
Commentaire
Super article qui résume également ma façon de penser. J’ai appris à pêcher avec mon grand père il y a 25 ans et le matériel était d’une simplicité et on faisait du poisson. J’ai toujours garder cet esprit depuis. Perso, je suis un adepte du mort manié (truite, perche, brochet et sandre); je fais mes propres montures qui ne me coutent pas chères du tout et je pêche moi-même mes vifs à partir de juin quand les eaux se réchauffent un peu. Ta dernière vidéo est vraiment excellente. Je suis en train d’apprendre à mon fils (5 ans) à pécher et c’est cet état d’esprit que je vais lui enseigner…
Hello Arnaud,
ça fait du bien d’entendre des gens comme ça 😉
Ce blog devrait te plaire alors 😉
je viens t’apporter mon soutien dans cette rivalité malsaine qui oppose pêcheur traditionnel et pêcheur sportif défenseur du no kill.
je pratique essentiellement la pêche aux leurres naturels, vif, mort manié, mort posé, vairon manié, toutefois j’aime aussi la cuillere et le spinnerbait.
pour le reste : poissons nageurs et leurres souples tout cela en devient ridicule… il est bien loin le temps ou Mepps et Suissex cohabitaient avec Rapala et son poisson nageur.
sérieusement vu le choix et les fourchettes de prix, il y a du markting outrageux… mais certains semblent maso.
ils vont même jusqu’à ajouter des arômes qui sont je l’espère pour eux bien artificiels également.
en effet je contre-attaque car les donneurs de leçon du no kill, nourrissent les poissons aux plastiques et gélatines de synthèse… perdent ces leurres biodégradables dans un soucis d’échapper à l’image du bourreau.
il est vrai que par lancers répétitifs le mort manié se déchicte et vient à servir d’amorce retournant naturellement dans la chaine alimentaire.
ce leurre naturel nécessite d’être pêché ce qui divercifie les pratiques par de la grande canne ou de l’anglaise.
cela demande de l’umilité face aux spécialistes de ces autres diciplines car le but n’est pas d’aller acheter ces vifs.
chaque espèce employée présente des particularités et montages utiles aux conditions rencontrés ce qui accentue notre proximité avec le milieu.
l’intolérence des pêcheurs sportifs montre toutefois leur limite à la sportivité, le carnassier répondant par agressivité aux stimulies visuelles, vibratoires, animations engendrés par leur leurre.
par opposition le leurre naturel mise sur une imitation de poisson malade ou blessé incitant le carnassier à endosser son rôle de régulateur, les stimulis associent les effluves olfactives et de gustatives afin de rendre le carnassier opportuniste.
comme dans bien des domaines les nouvelles idées réfutent les fondamentaux.
avec l’engoument des leurres artificiels j’ai noté que les aapma répondaient au besoin par la mise en place de poubelles.
à coup sur je continurais de revendiquer ce style de pêche, le béret sur la tête en clin d’oeil d’une part à mes origines aveyronnaises et à endosser ma vareuse d’ostréiculteur normand d’autre part.
gardez la pêche
Hello.
Merci pour ton commentaire.
Ex mort manie par fainéantise,je l avoue,,j y reviens les leurres souples trop chères et aucunes améliorations
Il est vrai et cela est une évidence ; il suffit de regarder les reportages de pêche au carnassier : gamme de vêtements style djeuns, ultra consommation de matériel, terminologie invraisemblable du genre rock fishing power fishing etc….
J’ai l’impression qu’en voulant s’éloigner de la pêche “à la papa” on obtient le résultat inverse. Vendre des leurres avec des logos de tête de mort sur le paquet comme sur les sachets de bouillettes, on est au summum du ridicule (je ne citerai pas les marques).
L’image beauf de la pêche ne s’améliorera pas avec ce genre d’attitudes. Quand je vois ces pseudos pêcheurs prendre le poisson par la gueule en leur brisant la nuque au passage tout est dit !
La pêche doit rester un loisir de plein air au plus proche de la nature et de la “vraie vie”.
Alors inutile de se créer un personnage. Il vaut mieux se mettre une perche de temps à autre derrière la cravate que de taper des truites au rapala en “power fishing” en se “sélfiant” avec le poisson pris par la gueule.
Longue vie à ton blog Clerget !
Hello
Merci pour ton commentaire.
J’aime beaucoup “La pêche doit rester un loisir de plein air au plus proche de la nature et de la « vraie vie ».”
A+