Les insectes aquatiques de Lorraine & d’Alsace.

Vous aimez les insectes et l’eau ? Jean-Yves Nogret et Stéphane Vitzthum vous amènent autours des mares et des cours d’eau de Lorraine et d’Alsace. Ils sont venu sur ce blog pour présenter un ouvrage répertoriant des centaines d’espèces que vous pourrez trouver dans le nord-est de la France.

Après avoir lus cette interview, vous aurez envie de vous procurer ce livre pour aller seul ou en famille, à la découverte de la vie en milieu aquatique. Il y en a partout et même si vous en voulez dans le jardin, des conseils sont à glaner dans leurs récits ….

PARTIE 1 : Présentation.

 

Peux tu te présenter aux Internautes qui ne te connaissent pas ?

Jean-Yves Nogret : Je suis né en Picardie, dans une famille ouvrière habitant un petit village campagnard (Brenouille dans l’Oise, ça ne s’invente pas). J’ai été très tôt attiré par les insectes et autres petites bestioles qui pullulaient dans la partie haute du jardin, non cultivée.

Après un bac D, j’ai suivi un cursus universitaire à Amiens (Somme) qui m’a conduit jusqu’à un DEA (Diplôme d’études approfondies), à Jussieu (Paris). Je suis ensuite devenu enseignant en passant el CAPES, puis l’agrégation.

Je suis désormais professeur de classe préparatoire au lycée Henri Poincaré de Nancy. Durant touts ces années, j’ai collectionné les insectes et plus généralement les arthropodes. J’ai actuellement plus de 27 000 animaux en collection.

Stéphane Vitzthum photographe
Stéphane : J’ai passé mon adolescence à observer la nature en Alsace : d’abord les oiseaux puis rapidement les amphibiens, reptiles, insectes et araignées… et même ma botanique. En fait, tout m’intéresse en biologie ! Cela m’a incité à choisir des études de biologie et me voici professeur agrégé de SVT à Nancy.

Pour partager mes multiples passions, je fais de la photographie, pour immortaliser mes rencontres naturalistes !

Comment t’es venue l’idée d’écrire un livre sur les insectes ?

Jean-Yves : J’ai toujours eu envie d’écrire un livre sur les insectes, surtout depuis que j’ai rédigé plusieurs ouvrages d’entraînement aux concours paramédicaux. Mais je ne suis pas un bon photographe, et sans illustrations de qualité, un livre naturaliste ne se vend pas.
C’est ma rencontre avec Stéphane Vitzthum, photographe reconnu et professeur de SVT au lycée Chopin de Nancy, qui a permis de concrétiser cette idée.

Nous avons ainsi écris un ouvrage intitulé « Les insectes remarquables de Lorraine et d’Alsace » aux éditions Serpenoise qui a rencontré un vif succès puisque les 2 000 exemplaires se sont vendus en 6 mois.
Nous avons par ailleurs reçu le grand prix de l’Académie Lorraine des Sciences pour ce livre.

(Voir la deuxième partie de l’émission qui parle de ce livre)

Suite à ce succès, nous avons continué avec un « catalogue complet des papillons de jour de Lorraine et d’Alsace », puis les « petits bêtes des jardins lorrains et alsaciens ». Ces deux derniers ouvrages marchent également très bien.stephane Vitzthum

Les petites bêtes aquatiques de Lorraine et d’Alsace est donc notre quatrième opus et nous sommes ne train de préparer les petites bêtes des forêts.

Stéphane : Cela fait plus de 20ans que je fais de la photo d’insectes, pour mettre en valeur leur beauté ou leurs mœurs étranges… Et comme le monde des insectes est d’une incroyable richesse, souvent méconnue, il nous a donc paru logique de leur consacrer un livre.

Et comme Jean-Yves avait également envie de raconter des histoires sur nos insectes, l’idée du livre s’est rapidement imposée !

Triton - photo de stephane Vitzthum

Comment se déroule la création d’un livre comme celui ci d’un point de vue logistique, des premières lignes et photos à la sortie du bouquin ?

Jean-Yves : Dans un premier temps, nous notons des idées, en vrac, au fur et à mesure qu’elles nous viennent. Nous faisons bien entendu appel à nos connaissances universitaires et à nos expériences de terrain. Ensuiten nous nous réunissons pour construire le plan et donner à chaque partie un nombre de pages approximatif.

C’est Stéphane qui intervient alors, en créant, grâce à un logiciel qu’il maîtrise parfaitement des pages illustrées, vides de texte.

stephane VitzthumJ’interviens alors, en écrivant tous les textes qui permettent de remplir chaque page. Bien entendu, tout ceci s’accompagne de nombreux échanges par mail permettant de répondre au mieux aux exigences de chacun.
Stéphane : Je gère maintenant une photothèque de 300 000 photos de petites bêtes, rien que sur la Lorraine et l’Alsace ! Nous avons donc le choix de l’iconographie, ce qui nous permet de construire rapidement les pages qui nous intéressent. Avec Jean-Yves, nous faisons une super équipe, d’une incroyable efficacité.

La collaboration et les échanges permanents enrichissent de jour en jour les pages de nos livres. Les photographies qui manquent sont réalisées, suite à une recherche orientée sur le terrain… et ce n’est pas toujours facile de trouver toutes les espèces !

Tu expliques qu’il existe encore en Lorraine des mares salées. L’eau, au contact des couches géologiques datant de 200 millions d’années (à l’époque ou la mer était en Lorraine) se serait chargée en sel. Peux tu nous donner quelques marres qui valent le détours dans notre belle région ? Aussi bien pour leur beauté que pour leurs habitants.

Stephane et Jean-yves : Il faut aller dans les environs de Marsal. Une première approche peut se faire dans le village lui-même : un ponton et des panneaux explicatifs permettent de découvrir la flore originale de la mare salée.
Ensuite, vous pourrez vous balader dans les environs du village, en repérant de loin dans les champs les salicornes rouges qui témoignent de la salinité des mares.

PARTIE 2 : Les insectes et la pêche.

Je suis pêcheur à la mouche et j’aimerai vous poser des questions précises sur le sujet pour bénéficier de votre expertise.

Tu expliques que la présence d’éphémères dans une rivière serait synonyme d’une bonne qualité d’eau. Est ce cas pour toutes les sortes ? J’ai en tête des rivières réputées comme polluées qui regorgent pourtant de « petites olives » et qui éveillent l’appétit des truites lorsqu’elles éclosent.

Stephane et Jean-yves : Il y a bien des éphémères qui tolèrent une certaine pollution, mais lorsque le nombre d’espèces d’éphémères et de perles est important, c’est toujours signe de bonne oxygénation du milieu et de bonne qualité de l’eau.

D’ailleurs l’indice biotique inventé par les hydrobiologistes pour caractériser la qualité de l’eau d’une rivière, utilise bien le nombre de familles et pas le nombre d’individus d’une seule espèce.

stephane Vitzthum

Tu parles également des plécoptères qui sont de véritables bios indicateurs pour les biologistes ? Leur présence est synonyme d’une eau pure. Quels sont les cours d’eau qui contiennent encore une eau si pure en Lorraine ? Car même la qualité des rivières Vosgiennes aurait diminué ces dernières années.

Stephane et Jean-yves : Il faut aller très en amont des rivières, avant la présence d’habitations. Ces milieux deviennent rares… et effectivement sont fortement affectés, même dans les Vosges…

Les plécoptères ou l”écrevisse à patte blanche sont devenus maintenant très rares et symboliques de ces rivières de qualité !

On parle souvent de dérèglement climatique mais le muguet pousse toujours autour du 1er mai et la mouche de mai sort toujours en Mai…
J’ai encore du mal à comprendre comment les insectes ressentent à la minute prêt le bon moment pour éclore ?

Stephane et Jean-yves : Non, ce n’est pas vrai, il y a des décalages d’une année sur l’autre, selon les conditions climatiques. L’émergence des insectes est complexe, elle dépend à la fois d’une horloge biologique mais aussi de la durée du jour ou de la température de l’eau.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas, et les éclosions sont parfois en avance ou en retard. Il est donc parfois difficile d’attribuer une avance d’éclosion au seul paramètre température ! Seules les observations sur le long terme pourront confirmer ou non les tendances actuelles de perturbation du climat.

stephane Vitzthum

PARTIE 3 : Le mot de la fin.

Pour ceux qui voudraient tenter l’aventure en pleine nature, quel type de matériel photo conseilles tu pour prendre quelques clichés ? En partant du principe que l’on possède un boitier reflex.

Stephane et Jean-yves : D’abord, c’est la qualité optique qui compte : il faut un bon objectif macro pou photographier les insectes. J’utilise personnellement l’excellent 105mm micronikkor. Ensuite, le plus dur est de trouver les sujets et de passer du temps, beaucoup de temps à photographier les insectes, attendre les bonnes lumières et les bonnes attitudes !

Chacune des photos de nos livres est une aventure et à raison de 550 photos par livre, il y a plein d’aventures vécues !

stephane Vitzthum

Pour ceux qui ont un jardin maintenant, peux tu nous donner la liste des matériaux et le cout global d’une petite mare de 5 à 10m2 que l’on construirait derrière la maison ?

Pour installer une mare dans son jardin, il suffit d’acheter une bâche et un feutre et de suivre les conseils donnés dans le livre.
– Bâche EPDM + feutre (entre 9 et 12 Euros le m2)
– Huile de coude (gratuit)

Quels sont les conseils que tu donnerais aux internautes qui voudraient se lancer dans ce projet de bassin ?

Choisir un endroit pas trop ensoleillé et protégé des vents dominants. Ne pas hésiter à creuser profondément de manière à ce qu’une partie de l’eau reste hors gel, même en cas d’hiver rigoureux.

Une pompe n’est pas nécessaire si vous n’acclimatez pas de gros poissons ; vous n’aurez alors aucune nourriture à fournir, ni à filtrer. Installer des plantes locales et surtout : laisser faire la nature !!!

Jean-Yves-nogret et stephane Vitzthum

Jean-Yves-nogret et stephane Vitzthum

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