Pêche en Himalaya, quand le rêve devient réalité.

Hello les amateurs de pêche et d’aventure,

Le voyage et la pêche sont deux sujets que j’aime et qui sont donc au cœur de mon blog. Vivre d’aventure et d’eau fraiche c’est possible à défaut de se marier, se poser, acheter une maison, fonder une famille et tout ce qui s’en suit. Attention je n’ai pas dit que les deux étaient incompatibles mais beaucoup pensent qu’on a « loupé sa vie » si l’on n’a pas construit tout ça. Bref !! Benoit fait partie de ceux qui aiment l’aventure et qui font parfois de nos rêves une réalité. Vous me suivez ? Voici de ce pas, le pourquoi du comment dans cette nouvelle interview. 

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Un paresseux brésilien en Amazonie

1- Présentation.

Salut Benoît, peux tu te présenter rapidement à nos lecteurs s’il te plait ?

Benoit De Vilmorin – Fly Fishing Himalaya : J’ai grandi dans un village au sud de la Seine & Marne, dans le Gatinais, une campagne doucement vallonnée où l’horizon est fait de clochers, de champs de colza, de maïs et de bosquets, où quand tu ne fais pas du vélo, tu vas à la pêche… A peine adolescent, je soulais Monsieur Pierrot et passait du temps dans sa boutique d’article de pêche à Fontainebleau, je connaissais le matos par coeur et ma chambre était rempli de magazines halieutiques. Quelques années plus tard, à peine fini de muer, j’ai créé le Cahier Junior dans La Pêche et Les Poissons (Ahaha le petit me***eux qui donne des conseils à 15 ans !) et je participais à une émission sur Radio France Creuse qu’animait alors Daniel Taboury.

Depuis plus de quinze ans j’habite à Paris où j’ai exercé pas mal de boulots principalement autour de l’image, de la musique et de l’écriture. J’ai travaillé pendant 10 ans à la radio comme programmateur, DJ et journaliste (Nova, Générations, Couleurs 3..). Au début des années 2000 j’ai écrit un carnet de voyages The Rivers of The Mandala (Thames & Hudson) en France Carnets du Kailash (Glénat) et j’ai réalisé mon premier documentaire La Voz sur le chanteur de salsa Hector Lavoe (diffusé sur France O).

En 2006, inspiré par des nouveaux réalisateurs de film de pêche comme Nicolas Dupuis j’ai filmé, monté “Ça mord à Paname”, sur la nouvelle génération de pêcheurs parisiens (ceux qu’on appelle maintenant les street fishermans !). S’en est suivi quatre autres films pour la chaîne Seasons. Maintenant je fais plus de la photographie et je m’occupe d’Hi&Fly flyfishinghimalaya.com et du Mouching.

Benoit de Vilmorin

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Le fameux peacock appelé tucunaré au Brésil. 

Quelles rivières pêches-tu et depuis combien d’années ?

Benoit De Vilmorin – Fly Fishing Himalaya : Mon père avait acheté une baraque en Irlande au début des 70s et c’est là que j’ai passé quasi tous mes étés de 2 à 25 ans, j’y ai pris mes premiers poissons en mer et suis devenu passionné de pêche instantanément. J’allais pêcher la truite de mer la nuit à la mouche et la journée des farios à l’ultra léger. Gamin en France, j’ai pêché en Seine & Marne le Loing, la Seine, ses ballastières et des étangs où il y avait déjà plus grand chose… Sur le Loir, J’avais une vieille cousine qui habitait un moulin près de Chateaudun, où j’ai pris mes premiers brochets, un endroit merveilleux avec des nénuphars et de beaux herbiers dans une vallée qui sentait la menthe sauvage.

Comment t’es venue cette passion pour le voyage ? Racontes nous un peu ton parcours à travers le monde !

Benoit De Vilmorin – Fly Fishing Himalaya : Au XXIème siècle avec nos puissants outils de communication, tu peux avoir le luxe de vivre en nomade. C’est une grande révolution et j’aspire à retrouver cette mobilité. J’ai souvent marié voyage et travail en allant tourner des films en Nouvelle Calédonie ou au Maroc. Même lorsque je voyage pour la découverte en mode backpacking comme au Panama ou au Belize j’ai systématiquement une canne sur le dos.

Le premier voyage dédié entièrement à la pêche que j’ai fait c’était en Argentine en 1996. J’avais un pote qui connaissait des grands propriétaires terriens en Patagonie et en Terre de Feu. Grâce à lui, j’ai pu avoir accès gratuitement à des parcours mythiques et goûter ce bonheur du pêcheur arpentant dans son 4×4 la pampa seul dans un des paradis mondial de la truite.

Mais le poisson reste une sirène, un fantasme, la vraie raison qui te pousse à voyager c’est de goûter encore et encore cette sensation qui est un absolu (comme l’amour) : celle de la liberté. Et si tu te mets à chercher les plus beaux paysages et les plus beaux poissons, à ce petit jeu là tu atterris forcément en Nouvelle Zélande, un pays fascinant qui te hante pour le reste de tes jours ! Je planifie d’ailleurs d’y retourner début 2013, quelle nature, quelles rivières.. quel opium !

J’ai eu une période où le plus important c’était d’aller à la pêche qu’importe le lieu, d’où les sorties en plein Paris et bon nombre de plans galères a trimballer les floats tubes dans le RER pour aller pêcher des étangs souvent décevants. Aujourd’hui le plus important pour moi dans la pêche, c’est l’aventure, c’est la beauté de la nature, c’est un environnement qui doit t’inspirer. Et parfois ces endroits très reculés sont très poissonneux, donc je préfère attendre et vivre une expérience extraordinaire sinon enthousiasmante.

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New Zealand

2- Faire de l’aventure un véritable mode de vie.

Et puis un jour tu décides de faire de l’une de tes aventures un projet ou plutôt un business te permettant, une fois de plus, de vivre encore de ta passion. Je parle d’une destination que tu as souhaité rendre accessible à tous… Allez, racontes nous tout ça plus en détail.

Benoit De Vilmorin – Fly Fishing Himalaya : Lors d’un tournage en Inde dans l’Himachal Pradesh j’ai rencontré Norman un anglais qui est devenu le personnage principal de mon film (Carnet de pêche Himalayen). Norman connait les rivières du coin comme sa poche et il se trouve que j’ai un ami français, Pascal, qui habite sur place et emmène déjà des touristes en expédition dans les montagnes. Les rivières himalayennes ont un gros potentiel de belles farios mais la destination reste surtout connu pour le masheer, pas tellement pour la truite.. Ça valait le coup de créer une synergie entre nos savoir faire et c’est ainsi que j’ai lançé ce printemps Hi&Fly, une structure dédié à la pêche de la truite dans l’Himalaya.

On emmène les gens dans des vallées qui nécessitent des jours de voiture et des heures de marche. Ce sont des voyages de pêche sportifs dans tous les sens du terme où il faut pas avoir peur de crapahuter ni de camper au bord des rivières ! Les pêcheurs montagnards savent de quoi je parle.. Mais l’Himalaya est un joyau, immense où les distances et les altitudes annihilent la notion du temps et de par la culture locale et la majesté des paysages c’est vraiment une expérience unique que de pêcher là bas.

On a une offre découverte avec une prise en charge pour une durée de 16 jours qui peut être modulable suivant les désirs de chacun. Nous cherchons des groupes de 2 pêcheurs qui seront accompagnés par un guide. On campe au bord de la rivière où dans des villages. Entre les différents lieux de pêche il y a des jours de repos car les journées en montagne sont très exigeantes, des efforts oubliés a la vue de la beauté des truites himalayennes, dont les robes changent constamment.

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Quelles sont les grandes étapes d’un projet comme celui ci, pêcher en Himalaya ?

Benoit De Vilmorin – Fly Fishing Himalaya : Monter une boite en Inde, créer un site internet à Paris, se faire connaître dans le monde sont des étapes faciles compte tenu des outils d’aujourd’hui. Mais le vrai challenge pour Hi&Fly c’est le temps. Celui qu’il va falloir pour faire d’une destination peu connu un lieu incontournable pour les fans de pêche sportive, et ton meilleur ami pour ça c’est le bouche à oreille. Et puis le temps toujours indispensable sur le terrain pour trouver des nouveaux lieux de pêche.

Quels ont été les freins, les difficultés pour mener à bien ce projet en Himalaya ?

Benoit De Vilmorin – Fly Fishing Himalaya : Pour créer et faire vivre le projet il n’y a pas tellement de freins sauf certaines revues halieutiques qui ne veulent pas parler de Hi&Fly si je ne leur achète pas de la publicité en échange. Il y a aussi des voyagistes ou des guides de pêche qui m’ont reproché de casser les prix puisque nous avons une offre de lancement très bon marché.

La vraie difficulté est d’installer Hi&Fly dans le temps : faire en sorte que les rivières himalayennes que l’on découvre ne soit pas saccagé par des projets de barrage (il y en a beaucoup en Inde) ou par du braconnage, réussir à motiver les locaux à conserver leurs rivières, essayer de créer des parcours No Kill, pouvoir former des guides sur place…

Maintenant que le projet est lancé, comment gères tu à distance ce petit « business » ?

Benoit De Vilmorin – Fly Fishing Himalaya : Les taches sont bien définies. Mes potes en Inde s’occupent d’accueillir les pêcheurs et de les guider sur des rivières. Je m’occupe surtout de la communication et du site internet. On monte très peu d’expéditions car la saison est courte et dès qu’on a le temps on va faire de la prospection.

Concernant la pêche là bas, peux tu nous en dire plus sur cette destination méconnue. Quel type de rivière et de poisson trouve t’on en Himalaya ?

Benoit De Vilmorin – Fly Fishing Himalaya : Pour l’instant nous sommes basés dans l’Himachal Pradesh au nord est de l’Inde, mais l’Himalaya est un continent en soi et une multitude de zone de pêche reste à découvrir. De plus, il y a très peu d’informations sur la pêche de la truite, bien plus sur le masheer qui est une sorte de gros barbeau hargneux dont la prise à la mouche est un trophée aussi recherché que le tigre l’était à l’époque pour les maharadjahs. Mais pour la truite, il faut explorer et se renseigner ! Il y aussi des questions religieuses sur lesquelles il faut faire attention et ne choquer personne, car les indiens jettent les cendres des crémations mortuaires dans les rivières, pêcher le poisson qui est au contact de cette eau peut être mal vu.

Les rivières himalayennes sont impressionnantes à l’image du massif, énorme et charriant tellement d’eau (surtout en juin à la fonte des neiges) qu’il est parfois impossible de parler quand tu es sur la berge. Déconseillé aussi de faire du wading dans un tel courant, on saute de rochers en rochers et on pêche les trous où les truites viennent se cacher. Il ne faut pas avoir peur de mouiller sa chemise !

Quelle pêche pratiquent les locaux et avec quels types de leurres ?

Benoit De Vilmorin – Fly Fishing Himalaya : Les locaux pêchent à la cuiller avec des bouteilles d’eau minérale comme support de fil. Inutile de dire qu’ils ne rejettent jamais le poisson quelque soit sa taille. Il y a aussi des vrais méchants qui mettent des lignes de fond, des gamins qui pêchent à l’eau de Javel, les gars qui construisent des routes qui balancent de la dynamite pour changer du menu végétarien. C’est pour ça qu’il faut aller loin des villages pour trouver des beaux poissons..

Il y a aussi une nouvelle génération de pêcheurs sportifs indiens issus de milieu aisé qui pêchent à la mouche et qui prennent conscience du patrimoine qu’ils ont. Mais c’est une goutte dans l’océan..

A quelle période de l’année est il préférable d’aller pêcher dans l’himalaya ?

Benoit De Vilmorin – Fly Fishing Himalaya : Pour la truite, la saison de pêche est courte, en tout 5 mois : de mars à fin octobre en enlevant les deux mois d’été qui correspondent à la mousson. La meilleure période est avril mai, puis septembre octobre.

3- Le mot de la fin.

Maintenant que nous en savons un peu plus sur le dernier projet que tu as mené, peux tu nous donner le fond de ta pensée sur le sujet. Est-il possible de vivre d’amour et d’eau fraiche ?

Benoit De Vilmorin – Fly Fishing Himalaya : C’est clairement un choix de vie ! L’économie de la pêche en France n’est pas importante donc rare sont les mecs qui en vivent correctement. Du coté de l’audiovisuel, les films de pêche représentent parmi les plus faibles budgets de production donc si tu es exigeant c’est impossible de prendre le temps de faire classe tout en étant rentable.

Coté web où je m’occupe avec d’autres amis du Mouching, un site dédié à la pêche à la mouche c’est la même frustration avec une économie que boude encore les nouveaux médias. Pour vivre ma passion de pêcheur-médiateur, je suis obligé de faire d’autres choses à coté pour me donner les moyens de réaliser mes rêves. Quant à Hi&Fly le temps le dira… Mais bien sur tout comme dans la vie en générale, l’idée c’est d’être fidèle à ses aspirations et d’être vrai dans ce que tu entreprends.

Là quand tu te ballades dans l’Himalaya crois moi que ta réalité t’apparaît dans une belle humilité, tout petit homme que tu es face aux géants !

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Merci pour cette interview Benoit, saches que j’ai beaucoup d’estime pour les personnes comme toi, aventuriers dans l’âme et qui arrivent à vivre de leurs rêves et de NOS rêves… 

Benoit : Merci à toi et longue vie à Pêche et Sac à dos !

 

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1 commentaire

  1. paskal

    après plus de trente ans de présence en Asie , je m’y installe en “halieutiste salmo-hymalayen” proche de proche de Bernard M. de Haute Savoie . . . P

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